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Jeux de vers en pieds de nez

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16 janvier 2017

Atelier d'écriture: en forme d'hommage

                     

 

 

 

Atelier d’écriture : en forme d’hommage

 

Je ne sais pas si j’aime écrire.

En fait j’aime surtout faire écrire les autres.

Ceux qui s’annoncent souvent

En disant : « Moi, je ne sais pas écrire. »

Mais vous regardent droit dans les yeux.

« Vous ne savez pas écrire ? Qu’importe

Installons-nous, on verra bien. »

Alors chacun cherche les mots, triture les phrases

Regarde le ciel, revient sur sa feuille

Ecrit, réfléchit, soupire, grimace, sourit, fixe le vide…

 

 

Il y a les anxieux :

Leurs yeux gambergent, leurs crayons tremblent.

Il y a les curieux :

Leurs yeux pétillent, leurs crayons courent.

Il y a les triomphants :

Contents, heureux. Leurs stylos sont bien droits sur la feuille.

Ils les plantent fermement dans le papier

Et leurs mots sont jubilatoires !

Il y a les indécis :

Ils travaillent, soupirent, s’agitent, se trémoussent

Et leur crayon n’est que rature sur une feuille remplie.

Il y a les timides :

Ils jettent des regards en coin, s’excusent avec des signes de tête

Et reprennent la plume qui jette sur le papier tous les mots qui les rassurent.

Il y a les classiques :

Qui ne parlent que de vers, de sonnets, d’acrostiches.

Ils comptent les pieds, recherchent les rimes, comptent à nouveau

Leur stylo hésite et repart.

 

 

 

Il y a les modernes, les libertins :

Ennemis de la poésie écolière, ils refusent les règles

Leurs poèmes commencent par « je »

Ou s’étalent en lignes brisées.

Les mots se heurtent, parfois s’enlacent. Le stylo souffre et s’enhardit.

 

Il y a les récalcitrants :

Ils parlent quand les autres écrivent

Ecrivent dès que c’est fini, contestent, trouvent à redire sur tout.

Leur pensée ne peut se réduire à des mots sur un papier blanc !

Même leur stylo s’agite, la pointe en l’air, vengeresse !

 

 

Mais tous sont des musiciens du Verbe

Des accordeurs de mots

Des joueurs de syllabes

Des créateurs de rythme

Des amoureux des lettres

Des faiseurs de couplets

Des fabricants de rêve…

Et ils lisent des mots où vous ne voyez rien.

Accrochent des couleurs sur des gouttes de pluie.

Habillent de printemps un champ de ruines noires

Et vous parlent de vie, d’amour, de mort, de joie

Avec des mots si forts que votre cœur en tremble !

 

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2 janvier 2017

Ecris moi

Ecris-moi

N’oublie pas

S’il te plait

Un mot à l’arrivée

 

Je m’inquiète

Quand tu pars

Tu es loin

J’ai le cœur serré

 

Je sais bien

Que tes mots

Que tes rires

Tes pensées

Vont vers tes copains

 

Un instant

Et trois mots

Juste un SMS

Comme un bip

Feront mon bonheur

 

Ecris moi

Je vais bien

Dis-le moi

J V B

En émoticone

En émoticone                                   

 

Et alors

Je serai

Une mère comblée

 

2 janvier 2017

Mirage

 

 

Quand le temps n’avait pas d’importance

Quand les jours s’écoulaient au présent

Les heures ne fuyaient pas

Elles étaient le bonheur

Elles ne le savaient pas.

 

Quand le temps n’avait pas d’importance

        Que les soirs ne disaient que douceur

Sur l’horizon on lisait l’infini

De notre vie qui ne serait qu’amour.

Les heures ne fuyaient pas

Elles ne le savaient pas.

 

Où es-tu maintenant ?

Sais-tu que le temps passe

Que les jours s’écoulent au passé

     Sais-tu que les heures fuient comme des feuilles mortes

Emportées par un vent glacé

C’est le vent de l’oubli

Le vent des heures qui filent

Les heures savent si bien compter les jours d’absence

 

Où es-tu maintenant ?

Ne peux-tu faire un signe

Pourquoi le temps s’emballe

Dès que tu n’es plus là

Pourquoi les jours sont gris

Pourquoi les nuits sans lune

Les jours s’écoulent au passé

Les heures défilent et fuient et s’abîment en silence

Le bonheur n’était qu’un mirage

Le temps est toujours moissonneur.

1 janvier 2017

comptes et contes

et contes

 

Mon père était faiseur d’histoires

Dans les bars au comptoir

Il comptait les petits noirs

Et surtout les petits blancs

Ma mère elle comptait les sous

Elle disait c’est dans les bars

Que nos sous se barrent

Tu affames tes enfants pour boire

Ah femme répondait mon père

Le vin me ravit et qui ravit

Enfante Bonheur

Arrête tes bons mots mégalo

Sur le zinc des bistrots

Qui boit trop vin du tonneau

Fait pas de vieux os

Mais mon père préférait le Pernod

Aux marmots

Et retournait au tripot

Aussitôt

Pendant que ma mère en sanglots

S’occupait de son fricot

Pour nourrir tous ses loupiots

Pauvres poulbots

Mon père contait ses histoires

A tous ceux qui voulaient croire

C’était vraiment le maestro

Des poivrots

Il tenait son public en haleine

Et débitait à la douzaine

Des histoires à dormir debout

Et à boire comme un trou

 

1 janvier 2017

Sur le petit pont

Sur le petit pont

Je l’ai rencontré sur le petit pont

Près de la haie de roseaux

Le ruisseau alangui se perdait sous les branches

On était seuls au monde

Emprisonnés sous les feuillages.

Il a pris ma main et m’a dit :

« Vous aimez la campagne ? 

-Juste lorsqu’elle est douce

- Ce laurier est magnifique, a-t-il murmuré,

Et l’air est si serein ! »

Le silence nous enveloppe, c’est divin.

Et soudain une grenouille sur la berge

A lancé un « coâ » sonore

Et dix lui ont répondu et cent lui ont répondu !

C’était un concert, c’était une cacophonie de grenouilles.

De quel conte maléfique sortait ce troupeau de crapauds ?

Côa ..côa .. côa…… Couac.

 

J’ai éclaté de rire, lui aussi.

 

C’aurait pu être une belle  histoire d’amour

Si tous les batraciens du ruisseau

Avaient fermé leur bec …..                                   

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31 décembre 2016

Soir pluvieux au métro Barbès

Soir pluvieux au métro Barbès

L'âme d'un tord-boyau

S’évade d’un litron et parle au mendigot

Vautré sur ses cartons à l’entrée du métro.

Entre soi on s’écoute.

Que s’rait un tord-boyau sur une table du 16ème ?

Mais au métro Barbès il a droit de cité

Des lettres de noblesse quand il vient consoler

Un sans-abri tassé avec son chien sur les grilles du métro 

Qui soufflent un air puant mais bien chaud.

                                                                                                     

                                          Viens, dit le tord-boyau                                

Embarquons pour Cythère

Viens, je suis Dyonisos

Je t’emmène en enfer

L’enfer où il fait chaud

Où ça sent bon la gnole

Où ça sent bon l’oubli   

Où l’on voit dans ses rêves

Les portes du paradis

Et pas tous ces piétons

Indifférents, pressés, qui filent vers leur logis

Et ne te donnent à voir que des pieds qui s’enfuient.

 

Viens, dit le tord-boyau

On sera heureux tous deux

L’espace d’une gorgée.

Elle vaudra bien l'éternité ...

Elle vaudra bien l’éternité. »

 

 

31 décembre 2016

Le bal des pompiers

                      Le bal des pompiers

 J'avais mis ma robe rouge

Car c’était le bal des pompiers

Moi j’habite à Château Rouge

Pas très loin de Marcadet

Tous les ans on se retrouve

A la caserne pour danser

 

Y avait du monde dans la salle

Ça sentait fort la fumée

Je ne vais pas souvent au bal

Mais j’aime bien les pompiers

Leur uniforme, leurs brodequins

Ça me fait vraiment gamberger

J’ai toujours dit qu’un jour viendra

Où un pompier craquera pour moi

Les pompiers ils aiment le rouge

Et ma belle robe en falbala

Est justement faite pour ça

 

Enfin il est venu vers moi

J’en suis vraiment restée baba

Un grand pompier beau et bien fait

Il m’a souri on a dansé

Et à la fin de la soirée

Il m’a embrassée.

Dans ma tête j’avais le tournis

Je lui ai dit : « Faut mettre l’échelle

Pour me sauver de l’incendie.

Et il a ri « :Tu sais pas jolie demoiselle

                                                                         

Je ne travaille pas le samedi »

 

Alors tous deux on est partis

On a changé à Marcadet

Et arrivés à Château Rouge

J’ai enlevé ma robe rouge.

            Pour la suite c’est carré blanc.

 

Ah ! Il avait des yeux de braise

Mon joli pompier du samedi

Il ne racontait pas de fadaises

Il me regardait il avait tout dit.

On a passé des nuits de feu

Quand il n’était pas de service

Si sa passion baissait un peu

Que nos soirées manquaient d’épices

Je remettais ma robe rouge

Pour les pompiers il faut ce qu’il faut

Et moi j’aime bien quand ils voient rouge.

 

Je disais "T'es mon Méphisto" 

En enfer je brulerai pour toi

Avec ta lance tu me sauveras

Lucifer ne me prendra pas

Car tu me sortiras des flammes !

 

Voilà qu’un jour ce fut le drame

Il ne vint pas le samedi

Pourquoi ? M’avait-il oubliée ?

Y avait- il un bal des pompiers ?

Quelque chose que j’avais loupé ?

                                                                                                                       

A la caserne je l’attendis

Il pleuvait dru j’étais transie

Je m’avançais pour lui parler

Dans ses yeux y avait plus de braise

Il me dit : « Fini l’incendie. »                                                

Alors c’était une parenthèse ?

Un feu de paille du samedi ?

 

Ma robe rouge je l’ai jetée

J’irai plus au bal des pompiers.

16 décembre 2016

ILE

Ile

Tu ne connais pas mon île

Je voudrais t’en parler

Toi, qui rêve

Toi qui veux

Toi qui va.

Viens. Partons

 

L’île merveilleuse

Derrière l’horizon

                        Où l’amour est roi

Où le soleil brille tout le jour

Où les arbres sont couverts de fleurs

Où le chagrin n’existe pas

 Où le temps n’a plus cours.

Tu n’y entends que le silence

Et tu n’y vois que le bonheur

Pas d’horizon mais l’infini…

Viens partons pour mon île

 

On n’en revient jamais.

Emmy, décembre 2016

16 décembre 2016

la java du nénufar

                      La java du nénuphar (p.h.)

C’était un académicien

Qui se portait pas bien

Et faisait de la bile

Son foie qu’avait trop bourlingué

S’était empoisonné

Dans les diners en ville

Il en avait après le p.h.

Et contre l’orthographe

Il la trouvait acide

Aussitôt il a décidé

Qu’il fallait l’envoyer

Se faire refaire le portrait

 

C’est ainsi que le nénufar

Par un coup de Trafalgar

S’est retrouvé chez les grecs

Et comme il avait le nez nu

Il a piqué un fard

Châtré par ce vieux têtard

Lui qu’avait rien demandé

Sur l’eau il s’étalait

L’académie s’en est mêlée

 lui   a coupé ses fleurons

Il est dev’nu le dindon

De l’académie française

Ya le Larousse qu’est pas content

Ça lui bouleverse ses plans

 

Y en a d’autres qui ont pensé

Que les accents c’était

Juste pour les emmerdes

Les aigus les circonflexes

On les met à l’index

Moi ça me déconcerte

Si c’était pour la déco

Pas pour les quiproquos

Et marquer sa culture

On va faire un embargo

Crier Cocorico

Halte à la dictature

 

Moi qu’avait bien étudié

Les participes passés

Je me sens orpheline

Et tous les pluriels en oux

Les choux et les hiboux

Voilà que ça me turlupine

Si les académiciens

Carillonnent le tocsin

De la langue française

Faut prendre les armes citoyens

Et remettre l’accent

Sur toutes ces foutaises

Y a le Larousse qu’est pas content

Ça lui bouleverse ses plans       

16 décembre 2016

Truites Quatre truites folâtrent dans l’eau vive

  

                      Truites

Quatre truites folâtrent dans l’eau vive

Tournent par ci, virent par là

Gobent la mouche et se faufilent

Dans le courant froid de l’hiver.

Mais le soleil fait des clins d’œil

Et les truites dans le ruisseau

Sentent renaître le printemps.

Bientôt viendront les alevins.

« Ah ! le vin » dit le vieux pêcheur qui s’installe

Sur son tabouret près de l’eau

« Un petit vin blanc, une truite

A la meunière. Quel festin ! »

Et les truites folâtrent, virent par ci

Tournent par-là dans le courant

Où le soleil cligne de l’œil.

La maman truite fait des projets

Le papa truite est circonspect

Il fait des « ploc » de mâchoires.

Folâtrer c’est bien la saison.

Maman truite file au courant

Comme une ondine en arc-en-ciel.

« C’est le moment, gobons la mouche. »

Oh !!! Les tourbillons dans la rivière

Se battent contre un moulinet…

 

Silence…

Trois truites filent dans l’eau vive.

La quatrième, à la meunière

Est le bonheur du vieux pêcheur.

Emmy, juin 2016

 

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